« Encore faut-il que l’autobiographie soit exacte ! »
Voilà une réflexion fréquente de nos interlocuteurs lorsque nous parlons de notre métier de biographe. Nous voyons là une attente extrêmement ambitieuse et très clairement une crainte : doit-on envisager que le narrateur oublie, omette, maquille, mente ? Et dans ce cas, quelle est la valeur de ce travail ?
Oui certainement le narrateur pourra oublier. Il oubliera les faits lointains ou qui ne l’ont pas marqué. Il oubliera les personnes qui ne l’ont pas construit. Il choisira peut-être d’omettre ce qui le froisse ou le désespère, ce qui blesse ou le blesse, ce qui lui fait honte. Il maquillera pour se faire plus beau. Il mentira pour ne pas se faire laid. Son discours est ailleurs. Il s’agit bien de livrer son récit et dans ce travail autobiographique, c’est toujours lui qui décide : il ne dira pas tout au temps du récit et gardera les pleins pouvoirs sur le texte au temps de la relecture.
Alors, le biographe ne porte-t-il pas une responsabilité ? Ne peut-il être garant de la vérité ? Bien sûr, le biographe est garant de la vérité, celle du narrateur. Il reçoit et transcrit ses mots, son point de vue, sa vision. On parle de cœur et de sentiments, d’impressions et de messages, de souvenirs. C’est toute la beauté de ce travail !
Un biographe familial n’est pas un enquêteur. Il n’est ni psychiatre ni journaliste. Il fixe noir sur blanc l’histoire telle qu’elle lui est confiée. Il rend compte d’un parcours vécu, celui d’une personne unique qui mène un projet de transmission.
Marie Vicat