L’analyse de la pratique

L’analyse de la pratique

 

Vous vous demandez ce qu’est l’analyse de la pratique pour biographes ? La recette Biographicus, c’est d’abord une bonne dose de bienveillance et le croisement d’expériences multiples !

Nos expériences de vie au service de tous

Chaque biographe membre de l’association a un parcours riche de pratiques professionnelles diverses (assistanat, coaching, professorat, photographie, événementiel, traduction, etc.). C’est bien la diversité de ces milieux et expériences variés qui font de ces rencontres et ateliers d’échanges de pratiques des lieux uniques pour tirer ensemble parti de notre nouvelle vie. Raconter des vies ordinaires et pourtant tout à fait singulières de nos clients est en effet pour chaque biographe, une reconversion professionnelle.

On ne nait pas biographe, on le devient.

La formation théorique du biographe, qu’elle soit universitaire ou délivrée par le CNED, n’est pas tout. Écrire pour autrui est un métier qui s’apprend aussi « sur le tas ». Chaque projet de récit de vie est une aventure unique : d’abord une rencontre avec une personne, pour finir par un livre quelques mois plus tard. Confronter nos rencontres avec les clients, réfléchir à nos manières de conduire ces projets de collecte de témoignages, améliorer nos pratiques, nos formes d’écritures, se questionner sur la mémoire, sur le droit d’auteur, sur l’édition d’une biographie… les sujets ne manquent pas autour de la table !

La fin de la solitude du biographe

L’atelier d’échange de pratique Biographicus permet aussi de rompre la solitude de l’écrivain. Si chaque biographe écrit seul la vie de son commanditaire, il peut aussi avoir besoin d’un retour bienveillant et professionnel de ses pairs. Travailler en réseau permet de croiser des compétences dont on ne dispose pas : s’informer, se former à de nouvelles pratiques renforce la pratique professionnelle. La confidentialité de chaque projet d’écriture reste de mise puisqu’elle fait partie de l’éthique même de l’écrivain pour autrui. Il n’en reste pas moins qu’améliorer la communication entre professionnels bénéficie nécessairement à chaque biographe membre de l’association.

Si vous êtes dans ce même esprit de partage et de bienveillance, alors rejoignez-vous !

Les mots pour le dire*, écrire pour des créateurs

Les mots pour le dire*, écrire pour des créateurs

À la croisée d’une expérience et d’une passion

Ingénieur agronome et philosophe de formation, ma carrière professionnelle s’est déroulée dans l’administration de la formation et celle de la recherche. J’ai souvent été amenée à trouver la forme juste entre la communication institutionnelle et l’expression complexe des créateurs d’innovations pédagogiques ou scientifiques. Trouver les mots pour le dire et être compris du lecteur n’est pas simple.

Une fois à la retraite et toujours passionnée d’écriture et de photographie, j’ai participé à plusieurs ateliers d’écriture en ligne et workshops photographiques. Cela m’a permis une confrontation à des formes très diverses d’écriture et le constat que les photographes les plus créatifs ont du mal à se présenter et à présenter leurs démarches. Or l’écrit reste central pour tous les créateurs en quête de financement, de bourses, de résidences, d’expositions, d’articles de presse. C’est ainsi qu’est née l’idée de proposer mes compétences en écriture à des créateurs.

Chabeuil chantier, photographie de Danièle Godard-Livet

La place de l’écrit

L’écrit est aujourd’hui concurrencé par l’image et la vidéo (certains écrivains développent même l’idée de la Littératube, vidéo-écriture, littérature sur YouTube !). Pourtant, il suffit de fréquenter des photographes pour percevoir qu’ils ne sont pas les derniers à avoir besoin d’écrits dans toutes sortes de situations. La présentation de la démarche artistique est un passage obligé que sollicitent tous les curateurs ! Et parfois, la démarche semble plus importante que l’œuvre ! Sans mettre en avant toutes les occasions où l’écrit reste fondamental (qui ne concernent pas obligatoirement les créateurs, de l’apprentissage à la preuve en matière juridique), il reste beaucoup d’espace où il est nécessaire de maîtriser cette manière particulière d’utiliser le langage qu’est l écrit.

L’écoute et la médiation

La richesse et la complexité de l’univers des créateurs demandent à être longuement écoutées, car ce qui se conçoit bien s’énonce rarement clairement. C’est foisonnant, mouvant, plein de références qui n’ont rien de littéraire, sous-tendu par des émotions déroutantes et inconnues, encombré de fantasmes et des impasses auxquels ils se heurtent. Ils suivent rarement une ligne droite et c’est dans ces méandres qu’il faut les accompagner.

Ce n’est pas pour rien qu’ils ont choisi de s’exprimer autrement qu’à travers l’écrit. Les champions du montage vidéo, des analyses statistiques ou de l’aménagement urbain font peut-être des fautes d’orthographe ou ont du mal à aligner des phrases, mais l’important n’est pas là. Ils doutent que l’écrit traduise correctement la complexité du monde tel qu’ils l’appréhendent. Il faut devenir médiateur, passeur, entremetteur et prendre le temps de discuter longuement le texte produit. L’accompagnement de collectifs de créateurs (workshop photographique, équipe municipale, unité de recherche) multiplie les occasions de médiation et de relectures plurielles et attentives.

Une modestie de scribe

Il faut de la modestie pour remplir cette mission où les textes sont toujours signés par le créateur et non par le scribe et où les recherches effectuées pour entrer dans la compréhension de leur monde sont peu valorisées. Néanmoins l’échange est équilibré par le plaisir de la fréquentation des créateurs et celui de la découverte de leurs univers qui alimente mon écriture personnelle. Il est aussi psychologiquement intéressant d’expérimenter la position seconde du scribe, maître de la forme par rapport à l’inventeur, maître du fond. De plus, je parle ici de textes courts qui vont du portrait à la quatrième de couverture, du résumé d’article scientifique à la présentation d’une politique d’aménagement ou d’une démarche de création ; c’est là aussi une dimension importante de l’investissement qui reste limité dans le temps et compatible avec d’autres projets.

* Je reprends le très beau titre de Marie Cardinal pour son récit autobiographique paru en 1977 (Les mots pour le dire, Paris, Grasset, 1975)

Le biographe et le mnémonaute

Le biographe et le mnémonaute

 

Dans nos discussions entre biographes, quand nous évoquons la personne qui sollicite nos services, se glisse souvent un infime blanc qui relève un manque. Se glisse parfois un incontournable besoin de précision qui trahit l’inconfort ou une périphrase qui traduit le manque. Dans les écrits qui traitent d’écriture biographique, le blanc est ailleurs, glissé entre les sèmes qu’il efface parfois. Il manque le mot qui résonne pleinement de la personne assise en face de nous, de celle qui nous conte son existence. Il manque un mot truffé d’harmoniques puissantes et univoques.

Des deux pôles de la relation biographe-(…), il en manque visiblement un. Du moins dans notre lexique.

Substantifs assis sur une chaise

Biographié. Narrateur. Client. Personne. Pour désigner un statut, aucun de ces termes ne semble correctement qualifier la personne qui se trouve en face de nous lorsque nous collectons la parole. Son état de personne en quête, en recherche, ne filtre pas. Il ne transparaît pas.

Client a l’avantage d’être net. Clair. Le contour est bien défini. Mais il n’y a rien d’autre à l’intérieur de ce terme que de la relation commerciale. Les médecins n’ont pas de clients, pas plus que les supermarchés n’ont de patients. Pour nous biographes, le client se situerait donc, à la rigueur, avant l’échange. C’est la personne qui nous contacte. Celle qui nous délègue la mise en lecture de souvenirs plus ou moins flous.

Narrateur. Oui. Narrateur est un terme assez bien défini. Sauf que, pour narrer un récit, il faut lui donner une forme, un ton, une couleur qui séduise. Il faut attiser la tension constante du récit, attirer et retenir le narrataire. Ici, il faudrait donc que ce narrateur ait organisé sa mémoire au préalable, qu’il ait trié les évènements, qu’il ait défini l’angle de son récit, qu’il alimente le point philosophique et qu’enfin, il ait structuré son récit avant de s’adresser à un biographe. Oui. Le narrateur existe et, s’il existe sous sa forme la plus complète, nous pouvons nous effacer devant lui.

Biographié a l’inconvénient d’être passif. Un mot-personne ou une personne-mot, assise, là, en face de nous, et qui attend qu’on lui sorte les vers du nez. S’il n’y avait pas de biographe, il n’y aurait pas de biographié. Vraiment ? Ce mot-reflet renferme bien trop de l’un pour exprimer fidèlement la posture de l’autre. Il est bien trop distant du travail de mémoire à l’œuvre. Biographié disloque l’individu, il compresse le désir initial et le résultat-livre en une entité miroir qui renvoie le pourquoi d’une biographie au geste et à l’existence du biographe.

La personne, elle, on le sait, serait un tout en même temps qu’elle ne serait pas encore. Il y a dans l’aspect polysémique de personne ce petit quelque chose de délicieux, comme une promesse. Un monde. Cela nous convient dans bien des cas, mais pour ce qui est de préciser un état dans le contexte qui nous intéresse ici, on repassera.

Le mnémonaute, ce navigateur de la mémoire

À moins de se faire enlever par la mafia ou par l’argent, partir en voyage est souvent volontaire. Prendre le large sur un océan de souvenirs ne déroge pas à cette assertion. Il y a une démarche. Une recherche. Une volonté. Un désir. Le mnémonaute est au cœur du voyage et de ce qu’il implique. Il choisit le cap, écope les cales, affronte le grain et fait briller le pont. Il est au cœur de sa mémoire, de sa vie et de sa parole. Pour peu que le biographe réussisse la transformation, il y a dans le mnémonaute l’embryon de la structure de l’écrit et celui de la posture du lecteur. Il y a cette alchimie du souvenir qui se trouve être médiat entre le mnémonaute générateur de récit et le biographe, en même temps qu’objet essentiel de leur relation. Si la matière biographique se glisse depuis la nuit des temps entre les genres littéraires et cinématographiques, entre les sciences sociales et les arts plastiques, le mnémonaute se glisse lui aussi, inévitablement et très naturellement, dans les replis de la création depuis la nuit des temps. Il est multiple. Infini. C’est une personne.

Avec son petit air d’oublié de la mythologie, mnémonaute à l’avantage de prendre racine dans ce qui a toujours couru le long de la création et avec la création. C’est l’expression de ce qui nous constitue, même si les liens avec la mémoire sont ténus, lointains, fragiles, flous. Mnémonaute définit clairement l’individu – la personne indivisible –  qui se trouve devant nous, dans notre contexte et à ce moment du travail.

À nous biographes, tout à la fois lamaneurs et dockers au port d’attache, de mener à bien la mise en lecture de ce que le mnémonaute nous ramène de son voyage.

  Crédit photographique : Dan F. Robert

Pensées autour de l’activité de biographe

Pensées autour de l’activité de biographe

Il arrive que la famille ne trouve pas dans la biographie de son parent ce qu’elle avait espéré y découvrir, ce qu’elle en attendait…

Et elle le déplore !

Parce que le narrateur est resté drapé dans sa pudeur, fidèle à ce qu’il a toujours été et à l’image qu’il a donnée de lui. On ne se réinvente pas au terme de sa vie !

Parce qu’il est resté au seuil de ses émotions, sans réussir à introduire la clé pour les libérer, les laisser jaillir, les accueillir… Sa porte s’est juste entrebâillée.

Le biographe l’a invité, pourtant, à se livrer davantage… Mais ne l’a pas forcé.

Le biographe lui a pourtant suggéré d’aller plus profond de ses souvenirs, mais ne le lui a pas intimé…

Le biographe l’a respecté.

Même si l’on a souhaité laisser des traces de sa vie, même si l’on a joué le jeu en toute sincérité, on ne va tout de même pas laisser une empreinte trop visible, trop lisible.

Au lecteur de chercher à dénicher ce qui surnage au-dessus des lignes, ce qui transparait au fil des mots, ce qui exsude et transpire.

Ce que moi, biographe, j’appelle : « le portrait en creux ».

(Illustration Martin Péchy)

L’autobiographie

L’autobiographie

Depuis quelques années, nombre de personnes éprouvent le besoin d’écrire ou de faire écrire leur autobiographie.

Le fait de vouloir transmettre une histoire familiale aux générations à venir est tout-à-fait normal, tout comme le souhait de laisser une trace de notre passage sur terre, de nos réalisations, de nos rencontres, des moments agréables comme les moins bons. La fierté des choses accomplies n’a rien de malsain en soi pas plus que le fait de ne pas être oublié.

Même les histoires banales en apparence ne le sont pas et toute vie, même très classique, mérite « un livre ». Nul besoin d’être célèbre, ni encore moins narcissique, pour souhaiter laisser une trace de sa vie et raconter son histoire. Votre histoire sera disponible pour ceux qui s’y intéressent.

Enfin, raconter sa vie est aussi l’occasion de faire une sorte de bilan et pourquoi pas de transmettre un message à l’intention des plus jeunes et de ceux qui, globalement vous liront ; votre vécu vous confère une sorte de sagesse, vous avez appris de votre expérience et de vos erreurs, et vous avez certainement une sorte de vision qui mériterait d’être partagée. Alors, pourquoi hésiter ? « On ne décide pas de faire un livre, c’est lui qui commande » François BON

L’écoute bienveillante et attentive qui permet de libérer et de faciliter la parole est justement le rôle du biographe familial ou biographe privé, peu importe le nom qu’on lui donne. Il incarne la personne qui saura prendre ce recul nécessaire, vous écouter sans vous interrompre, de manière bienveillante et sans jugement, qui saura vous guider sans vous contraindre, qui saura par quelles questions bien choisies vous faire retrouver le fil de votre mémoire parfois hésitante et qui vous permettra de parvenir à la cohérence du récit qui vous tient le plus à cœur : celui de votre vie !

Cette écoute active n’est qu’un des rôles du biographe, mais il est essentiel. Car au-delà de l’écriture qui est  son métier, il vous offre le confort d’être accompagné tout au long de votre projet, avec la garantie de le mener à bien, puisque son accompagnement ne prendra fin qu’une  fois le livre entre vos mains, bien réel. Sans oublier la garantie de pouvoir compléter le travail dans quelques années si l’envie ou le besoin s’en faisait sentir.

Cela peut-être une aventure formidable que de confier sa vie à un biographe ! Savoir repérer les questions à aborder, les points de vie délicats que ce dernier saura aborder avec recul, les sujets « apparemment oubliés » et qui vont ressortir au coin d’une discussion.

« Il est important de choisir son biographe car on ne confie pas sa vie à n’importe qui ! »               

Quand votre biographie prend corps

Quand votre biographie prend corps

Bon, vous ne savez pas trop… oh certes, vous l’accorderez, vous êtes unique comme chacun d’entre-nous, mais votre vie est somme toute courante, penserez-vous, pas si palpitante… Dites-moi, ne voyez-vous donc pas le trésor qu’elle recèle ? Souvenez-vous quand, les semelles usées par la tristesse, vous avez erré, quand les traits crispés par l’angoisse, votre visage vous a été étranger, quand les yeux écarquillés dans la candeur de l’enfance, vous avez été heureux. Au fond, ces souvenirs qui vous paraissent banals ont formé la poésie de votre vie. Voilà tout l’art du biographe : restituer votre poésie.

Alors que vos mots servent à vous exprimer rationnellement, vos postures et vos gestes expriment vos émotions. C’est votre communication non-verbale.

En s’appuyant sur votre langage corporel, le biographe évitera d’interpréter vos intentions de façon hasardeuse.

Ainsi, une tête projetée en arrière, des bras croisés ou l’utilisation d’objets barrières comme un verre ou un stylo pourront lui signaler votre volonté de vous distancier. Le biographe pourra par conséquent choisir d’orienter l’entretien sur un autre sujet, ou de revenir dessus à un autre moment.

En revanche, un dos droit, un cou bien étiré et un regard franc exprimeront une ouverture et une confiance en vous. Il sera alors pertinent qu’il utilise dans votre récit de vie des termes percutants et des tournures positives.

Une agitation des mains ou des jambes, des épaules relevées ou un grattement de nez pourront révéler de la nervosité ou de la colère. Là encore, ces signaux pourront influencer son choix d’adjectifs ou d’adverbes.

Mais attention, ne lui conférez pas le super pouvoir de lire à travers vous comme dans un livre ouvert ! Votre corps révèle avec certitude votre partie émotionnelle, mais vos mots sont à prendre en compte. Un geste isolé ne peut pas être significatif, c’est l’accumulation de signes allant dans le même sens qui pourra amener le biographe à se faire une opinion. Grâce à son œil observateur, votre biographie n’en sera que plus vivante !