Quand votre biographie prend corps

Bon, vous ne savez pas trop… oh certes, vous l’accorderez, vous êtes unique comme chacun d’entre-nous, mais votre vie est somme toute courante, penserez-vous, pas si palpitante… Dites-moi, ne voyez-vous donc pas le trésor qu’elle recèle ? Souvenez-vous quand, les semelles usées par la tristesse, vous avez erré, quand les traits crispés par l’angoisse, votre visage vous a été étranger, quand les yeux écarquillés dans la candeur de l’enfance, vous avez été heureux. Au fond, ces souvenirs qui vous paraissent banals ont formé la poésie de votre vie. Voilà tout l’art du biographe : restituer votre poésie.

Alors que vos mots servent à vous exprimer rationnellement, vos postures et vos gestes expriment vos émotions. C’est votre communication non-verbale.

En s’appuyant sur votre langage corporel, le biographe évitera d’interpréter vos intentions de façon hasardeuse.

Ainsi, une tête projetée en arrière, des bras croisés ou l’utilisation d’objets barrières comme un verre ou un stylo pourront lui signaler votre volonté de vous distancier. Le biographe pourra par conséquent choisir d’orienter l’entretien sur un autre sujet, ou de revenir dessus à un autre moment.

En revanche, un dos droit, un cou bien étiré et un regard franc exprimeront une ouverture et une confiance en vous. Il sera alors pertinent qu’il utilise dans votre récit de vie des termes percutants et des tournures positives.

Une agitation des mains ou des jambes, des épaules relevées ou un grattement de nez pourront révéler de la nervosité ou de la colère. Là encore, ces signaux pourront influencer son choix d’adjectifs ou d’adverbes.

Mais attention, ne lui conférez pas le super pouvoir de lire à travers vous comme dans un livre ouvert ! Votre corps révèle avec certitude votre partie émotionnelle, mais vos mots sont à prendre en compte. Un geste isolé ne peut pas être significatif, c’est l’accumulation de signes allant dans le même sens qui pourra amener le biographe à se faire une opinion. Grâce à son œil observateur, votre biographie n’en sera que plus vivante !

Récit de vie

Transmettre son récit de vie est un cadeau.

Décider de faire écrire son récit de vie par un biographe professionnel, de se livrer à ce spécialiste de l’écrit, pour laisser un témoignage à ses proches, n’est pas chose aisée, ni anodine.

Bien souvent, la décision naît d’une réflexion sur la notion de transmission et de partage. Souvent, ce sont les enfants ou les petits-enfants qui en expriment le souhait afin d’avoir à leur disposition un outil qui leur permette de mieux connaître la vie de leurs aînés.

La pudeur et la réserve du narrateur sont des aspects importants que le biographe respecte. Tout au long de l’accompagnement du narrateur qui souhaite écrire sa biographie, le biographe permet, par ses questions, de réactiver les souvenirs, de raviver la mémoire du narrateur.

Il arrive que la mémoire soit incertaine, imprécise voire fugitive. Lors d’un événement particulier, l’émotion qui s’est emparée du narrateur peut avoir légèrement modifié le souvenir ou sa perception, et cela pour le reste de la vie. Qu’importe ! Il n’y a dans cette entreprise que la vérité du narrateur. Lorsque le narrateur raconte l’histoire de sa vie, c’est un peu comme s’il était assis au volant de sa voiture, après un très long trajet. Arrivé à destination, il regarde dans le rétroviseur et assiste à une rétrospective des souvenirs : ils défilent sous ses yeux et il revit le film de sa vie introspectivement, grâce au recul dont il bénéficie.

Lorsque le livre paraît enfin, après plusieurs entretiens et parfois près d’une année de travail, il signe l’aboutissement et la concrétisation du projet. Il traduit la matérialité d’une vie, d’un événement, d’un épisode. Passés les instants de fébrile curiosité qui laissent place à la découverte du livre, le narrateur peut toucher du doigt sa propre histoire. La satisfaction du narrateur pour le travail accompli participe à celle du biographe. Souvent le lien qui relie le narrateur au biographe est teinté d’humanité, de bienveillance et de respect mutuel. Parfois, l’expérience partagée par les deux protagonistes, au-delà du strict lien professionnel, revêt une dimension humaine singulière et profonde.

Laurence Soleymieux

La biographie ou deux manières de voir l’histoire de vie

L’écriture biographique, un chemin que l’on parcourt à deux…

« Est-ce que vous pensez vraiment que ma vie vaut le coup d’être racontée ? » C’est l’inquiétude que j’ai entendue à chaque première rencontre avec un candidat au récit de vie. En effet, la demande des proches réelle ou supposée peut se faire pressante : un besoin, une envie de savoir, de connaître mieux son parent par exemple. La personne qui confie son récit de vie doit donc faire face à de nombreuses craintes. La première d’entre elle, c’est de ne pas avoir de choses intéressantes à raconter, de ne pas être à la hauteur des attentes de ses futurs lecteurs. Pourtant, au fil des rencontres avec le biographe, les souvenirs reprennent formes et couleurs, des prénoms reviennent, des paysages, des odeurs ressurgissent. Et c’est tout un pan du passé qui passe de l’oral à l’écrit, qui s’inscrit dans la transmission pour donner un éclairage au présent et au futur.

Un professionnel à l’écoute

Découvrir l’histoire d’une vie racontée par celui-là même qui l’a vécue est toujours pour moi un grand enrichissement. La manière dont chacun laisse une trace de son existence, les actes qu’il ou elle a ou n’a pas posés, sont autant de source d’apprentissage. C’est aussi ce que j’essaie de transmettre dans le récit que j’écris. Bien évidemment, le respect des mots de l’autre, mais aussi de ce qui se cache parfois derrière l’absence de mots, sont très importants. Mon métier de biographe, c’est d’abord écouter et entendre la parole, traduire la mémoire qui s’exprime, mais non pas l’interpréter, sinon dans la langue de l’autre.

L’aventure de l’écriture biographique est jalonnée d’obstacles. J’aime utiliser l’image d’un chemin de campagne : on y trouve des creux, des bosses, des racines qui affleurent et parfois quelque grosse pierre qu’il convient ou non de déplacer pour mieux avancer. Et ce chemin, le récitant le parcourt avec son biographe, à son rythme et dans une grande bienveillance. Le récit se construit ainsi pas à pas… en tenant compte des aléas propres à toute vie !

Hélie Bécot

Mémoires en Mouvement au Salon du livre de Brindas – 2017 / 2018

Biographicus publie un recueil de fragments - Salon du livre de Brindas 2017 - 2018

 

L’association Biographicus a l’honneur et l’avantage de vous informer de l’édition de son premier recueil de fragments de vie, suite aux animations “Bio Express” qu’elle a menée au Salon du Livre de Brindas 2017 et 2018.

Il a été présenté officiellement le 12 juillet 2018 lors d’une cérémonie riche de solennité et de convivialité.

 

Vous découvrirez dans ce recueil les témoignages de participants et visiteurs du Salon, sur Brindas et le Livre, et plus particulièrement : l’enfance et la famille, l’école, le travail, la souffrance, Brindas, la lecture et l’écriture, la fiction…

 

Les membres de l’association Biographicus ont recueilli et rédigé les fragments publiés dans le recueil : Mémoires en mouvement au Salon du Livre de Brindas 2017 – 2018 – Biographicus.

Merci aux participants d’avoir partagé avec nous – et vous – des petits instants personnels d’émotion, d’étonnement, de fierté, de connaissance, de réflexion…

 

Pour l’équipe Biographicus

Norbert Granget

La vérité, toute la vérité ?

 

« Encore faut-il que l’autobiographie soit exacte ! »

Voilà une réflexion fréquente de nos interlocuteurs lorsque nous parlons de notre métier de biographe. Nous voyons là une attente extrêmement ambitieuse et très clairement une crainte : doit-on envisager que le narrateur oublie, omette, maquille, mente ? Et dans ce cas, quelle est la valeur de ce travail ?

Oui certainement le narrateur pourra oublier. Il oubliera les faits lointains ou qui ne l’ont pas marqué. Il oubliera les personnes qui ne l’ont pas construit. Il choisira peut-être d’omettre ce qui le froisse ou le désespère, ce qui blesse ou le blesse, ce qui lui fait honte. Il maquillera pour se faire plus beau. Il mentira pour ne pas se faire laid. Son discours est ailleurs. Il s’agit bien de livrer son récit et dans ce travail autobiographique, c’est toujours lui qui décide : il ne dira pas tout au temps du récit et gardera les pleins pouvoirs sur le texte au temps de la relecture.

Alors, le biographe ne porte-t-il pas une responsabilité ? Ne peut-il être garant de la vérité ? Bien sûr, le biographe est garant de la vérité, celle du narrateur. Il reçoit et transcrit ses mots, son point de vue, sa vision. On parle de cœur et de sentiments, d’impressions et de messages, de souvenirs. C’est toute la beauté de ce travail !

Un biographe familial n’est pas un enquêteur. Il n’est ni psychiatre ni journaliste. Il fixe noir sur blanc l’histoire telle qu’elle lui est confiée. Il rend compte d’un parcours vécu, celui d’une personne unique qui mène un projet de transmission.

 

Marie Vicat