Il arrive que la famille ne trouve pas dans la biographie de son parent ce qu’elle avait espéré y découvrir, ce qu’elle en attendait…

Et elle le déplore !

Parce que le narrateur est resté drapé dans sa pudeur, fidèle à ce qu’il a toujours été et à l’image qu’il a donnée de lui. On ne se réinvente pas au terme de sa vie !

Parce qu’il est resté au seuil de ses émotions, sans réussir à introduire la clé pour les libérer, les laisser jaillir, les accueillir… Sa porte s’est juste entrebâillée.

Le biographe l’a invité, pourtant, à se livrer davantage… Mais ne l’a pas forcé.

Le biographe lui a pourtant suggéré d’aller plus profond de ses souvenirs, mais ne le lui a pas intimé…

Le biographe l’a respecté.

Même si l’on a souhaité laisser des traces de sa vie, même si l’on a joué le jeu en toute sincérité, on ne va tout de même pas laisser une empreinte trop visible, trop lisible.

Au lecteur de chercher à dénicher ce qui surnage au-dessus des lignes, ce qui transparait au fil des mots, ce qui exsude et transpire.

Ce que moi, biographe, j’appelle : « le portrait en creux ».

(Illustration Martin Péchy)